miércoles, 8 de enero de 2014

BRUSELAS TRATA DE ACLARAR EL SECUESTRO DE CIPRIANO


Le Monde..fr 7-1-14.Bruxelles tâche d'éclaircir les conditions de l'enlèvement d'un opposant guinéen


La diplomatie belge, sollicitée par la famille et l'avocat de l'intéressé, s'active pour obtenir des informations sur Cipriano Nguema Mba Mitoho, réfugié politique en Belgique depuis 2012 et opposant au président de la Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema. Cet entrepreneur, domicilié à Liège et père de quatre enfants, a été enlevé le 23 décembre au Nigeria dans des conditions rocambolesques et transporté à bord de l'avion personnel du dictateur équato-guinéen. Selon certaines sources, le président Obiang Nguema, au pouvoir depuis 1979, aurait offert une importante somme d'argent aux autorités nigérianes pour mettre la main sur cet opposant, incarcéré depuis, d'abord dans le village du président, puis au commissariat central de Malabo, la capitale de la Guinée équatoriale.
Parent éloigné du président, M. Nguema Mba a déjà été accusé, en 2003, de complot et de détournement de fonds dans son pays, où il a exercé la fonction de payeur-receveur de l'armée – il a le grade de lieutenant-colonel. Enlevé une première fois au Cameroun en 2008, il aurait subi des mois de tortures avant de parvenir à s'échapper en 2010. Bénéficiant en Belgique du statut de réfugié au titre de la Convention de Genève, M. Nguema séjournait semble-t-il pour affaires au Nigeria. Il y aurait subi une première tentative d'enlèvement le 12 décembre mais serait, selon son entourage, parvenu à s'enfuir du bateau qui devenait l'emmener vers la Guinée équatoriale. La protection policière dont il aurait bénéficié ensuite a cessé, selon sa famille, lorsque le régime de Malabo a offert 10 millions de dollars pour sa capture.

« IL EST TOUJOURS VIVANT »

Dans des courriers adressés le 2 janvier au ministre belge des affaires étrangères, Didier Reynders, et au Haut Commissariat pour les réfugiés des Nations unies, l'avocat bruxellois Georges-Henri Beauthier s'est inquiété des risques pour la vie de son client. Le gouvernement belge se dit « mobilisé et vigilant » et a réclamé l'aide du Service européen d'action extérieure. « Ces efforts ont en partie porté leurs fruits puisque l'intéressé n'a pas été mis à mort comme on pouvait le craindre. Il est toujours vivant et détenu dans un centre », expliquait, mardi 7 janvier, un porte-parole du ministère belge.

La diplomatie s'en tient à « une intervention au titre des droits de l'Homme ». Elle paraît toutefois rechercher les raisons exactes du séjour de M. Obiang Nguema à Lagos, la mégapole nigériane. Elle cherche à vérifier des allégations selon lesquelles il s'y serait livré à des activités politiques, voire à une tentative de renversement de la dictature de Malabo. Une hypothèse jugée « invraisemblable » par Me Beauthier mais qui justifierait le cas échéant la fin du lien consulaire, qui donne des droits à l'intéressé et crée des obligations pour la Belgique, à condition que le bénéficiaire du statut de réfugié ne s'engage pas dans des activités politiques liées à son pays d'origine.

A ce stade, la Guinée équatoriale et le Nigeria ne disent rien de cette affaire. En 2010, quatre ex-officiers équato-guinéens avaient été enlevés au Bénin et exécutés à leur arrivée dans leur pays.